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Le temps des otages

Jean-Luc Gendry (Auteur)

Paris, décembre 1942 : froid, faim, déportations, occupation de toute la France, bombardements, deux millions de français prisonniers ou travailleurs forcés en Allemagne, seules quelques grandes oeuvres du théâtre, de la littérature et du cinéma, permettent encore aux Parisiens d'échapper, pour un instant, à l'horreur du temps : la première de La Reine morte à la Comédie-Française sur laquelle s'ouvre ce récit, constitua l'un de ces moments de rémissions.
Major de Normale, ancien critique littéraire de L'Echo de Paris et de L'Epoque, Nicolas Charpentier, qui a cessé de préparer les messages du chef de l'Etat, reviendrait volontiers à sa première vocation si le drame national ne l'incitait à jouer de nouveau un rôle politique essentiel ; à favoriser d'utiles liaisons entre les principaux acteurs de la garde montante : Henri Frenay, Pierre Brossolette, Michel Debré, André Mutter, Jean Monnet ; et ceux de la garde descendante : Pierre Laval, René Bousquet, Jean Jardin, Lucien Romier et Jean Tracou. Les confidences des uns et des autres font souvent apparaître des réalités plus complexes que celles retenues par l'histoire officielle. Des portraits saisissants, des entretiens étonnants de vérité, un style remarquable font de ce roman un ouvrage essentiel pour la compréhension de ces temps tragiques.

Jacqueline Picoche pour www.librairiecatholique.com
L'auteur, diplômé en lettres, en études politiques, en sciences économiques et sociales, créateur et président d'une banque d'affaires privée, et déjà auteur de plusieurs ouvrages publiés, venait d'avoir 16 ans le 12 décembre 1942, date à laquelle commence son grand ”roman” qui se termine le 8 janvier 1944, alors que, les Allemands ayant pénétré à Vichy, le Maréchal Pétain a perdu pratiquement tout pouvoir. Il a connu personnellement beaucoup des personnalités qui y figurent et des lieux où se passe l'action. Des souvenirs personnels, une grande somme de lectures et un énorme travail d'archives sont à la base de cet ouvrage qui ne prétend pas être un traité d'histoire, mais un roman, ce qui autorise l'auteur à mettre dans la bouche de ses personnages des propos vraisemblables, sans avoir à certifier qu'ils ont été réellement tenus ni à en donner les références.
Quelques personnages de fiction fréquentent le monde politique et culturel de l'époque : Nicolas Charpentier, brillant normalien, qui avait commencé une carrière de critique littéraire, a eu la chance d'épouser une des trois filles du marquis Charles de Montades, naguère président, au Sénat, de la commission des Affaires Étrangères, qui l'a propulsé en politique. Il a rédigé les allocutions du Maréchal Pétain pendant les deux premières années de son gouvernement, et par la suite, sorte d'éminence grise, est chargé de missions officieuses délicates auprès de diverses personnalités, notamment auprès d'étrangers, de résistants, puis de plusieurs qui joueront un rôle de premier plan après la libération. À vrai dire, l'entregent de Nicolas, qui n'a pas encore trente ans, est trop stupéfiant pour être crédible. Les personnages imaginaires manquent d'épaisseur psychologique et même de vraisemblance. Leur destinée n'a rien de particulièrement tragique ni attachant. Ce ne sont que des utilités qui permettent à l'auteur de nous faire faire connaissance d'une multitude de personnages bien réels, eux, aujourd'hui oubliés, ou célébrés, ou diabolisés, qui, eux, apparaissent, à travers anecdotes et conversations, avec beaucoup de relief et de vérité. Ainsi, les interventions de Pierre Laval sont magistrales, ainsi, dans les conversations de Nicolas avec Pierre Brossolette, ou avec Ernst Jünger, les points de vue s'affrontent de façon lumineuse. La religion n'est pas absente du livre, plusieurs ecclésiastiques, dans leur diversité, y apparaissent. Il y a encore une France profonde beaucoup moins déchristianisée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Nombreux et divergents sont les courants de pensée qui s'expriment ; tous rêvent d'un nouvel état de choses en France, quand la guerre aura pris fin. Des chantiers de jeunesse aux communistes, il y a une “mystique” qui n'a pas encore dégénéré en “politique”.
En ce sens on peut dire qu'il s'agit moins d'un “roman historique” que d'un livre d'histoire légèrement romancé, d'où l'absence d'un index des noms qui aurait été bien utile, mais auquel la table des matières supplée dans une certaine mesure. Les Français qui, au jour le jour, discutent avec l'occupant, maintiennent une portion de souveraineté, protègent ce qui peut être protégé, les Allemands qui voudraient que le Reich négocie une paix de compromis, pour éviter l'“apocalypse” finale dont Hitler les menace, ont évidemment la sympathie de l'auteur et l'Absent de ces rencontres, le général de Gaulle, apparaît, dans toute sa grandeur, comme le mauvais génie politique de la France. Lorsque le “roman” s'achève, avec la note d'espoir que représentent deux enfants, les petits-fils du marquis de Montades, Pétain n'a pas encore été emmené en Allemagne, le débarquement en Normandie n'a pas encore eu lieu, la France n'est pas encore libérée et tout un monde de personnages de valeur qui ont cru de leur devoir de servir le Maréchal Pétain, n'imaginent pas, sauf les plus clairvoyants, ce qui les attend.
Bref, ce livre est fait pour ceux qui s'intéressent au détail de cette période malheureuse et ils auront intérêt, après l'avoir lu, à y revenir à propos de tel ou tel épisode. Et les clients de la Librairie Catholique, à qui il a été dit “Ne jugez pas, vous ne serez pas jugés”, y trouveront de quoi réformer ou adoucir les jugements trop manichéens que leur impose l'histoire officielle.






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