C'est un des meilleurs écrivains américains de la " grande époque ", un des pionniers de cette littérature qu'on a appelée " moderniste ". Hemingway, à ses débuts l'a imité (voire plagié). Faulkner l'a admiré, au point de le désigner comme " un géant parmi les pygmées ". Sherwood Anderson (1876-1941), pourtant, est aujourd'hui, sinon vraiment inconnu, du moins un peu oublié. Et son oeuvre, si elle a été largement traduite en français dans les années 1920-1930, puis dans les années 1960-1970, est de nos jours quasiment introuvable en librairie. Cette raison suffirait à elle seule à justifier la présente édition. Mais il en est une autre : Sherwood Anderson aimait les chevaux ! Il les a compris mieux que quiconque, et a su en parler avec une justesse, une sensibilité, une émotion inégalées dans la littérature contemporaine. Quatre de ses nouvelles ont pour contexte le monde des galopeurs. Quatre nouvelles dans lesquelles Anderson (qui rêvait " d'écrire aussi bien que courent les pur-sang ") déploie tout son art de la narration, et tout son génie à exprimer les ambiguïtés et incertitudes amoureuses de l'adolescence. Dans ces quatre histoires, ancrées dans l'Amérique rurale (le Middle West) à une époque déjà lointaine (" l'âge du cheval "), Sherwood Anderson met en scène des personnages à peine sortis de l'enfance, et leur prête un langage - une sorte d'oralité réinventée - qui contribue beaucoup au charme (et à l'originalité) du style andersonnien. Rédigées entre 1919 et 1923 (et publiées ici dans l'ordre chronologique), ces quatre nouvelles sont quatre petits chefs-d'oeuvre, qui permettront une véritable redécouverte d'un des plus grands écrivains américains du XXe siècle. Plusieurs annexes, dont une bio-bibliographie de Sherwood Anderson, complètent ce recueil, présenté par Claire Bruyère, éminente spécialiste de la littérature américaine (Paris vil, Denis-Diderot), qui a consacré à Anderson sa thèse de doctorat et deux ouvrages.