Johnny, c'est l'histoire d'un éternel retour vers l'amour perdu de la jeunesse... C'est une histoire qui se raconte en images, dans un paysage de western grandiose. Oui, c'est l'histoire bien connue de Johnny Guitare, dont on reconnaît soudain la silhouette de cow-boy chevauchant sur la route d'Albuquerque à travers les rafales de vent... Comme dans le film mythique de Nicholas Ray, il revient de loin. Il revient vers Vienna, la jeune femme qui ne l'attend plus depuis tout ce temps... Vienna dont la beauté a fini par prendre l'éclat trop dur d'une pierre précieuse abandonnée en plein soleil, Vienna règne seule à la tête de son saloon comme sur les hommes qui guettent en vain son regard. Mais voilà que Johnny revient... Et soudain le désir de tout recommencer est là, au milieu des face-à-face tendus et des coups de feu mortels : le désir qui se communique hors champ et fait se retourner la caméra sur une autre Vienna, transformée en maquisard des années quarante. De son amour est née une enfant, aujourd'hui adulte. C'est sa voix qui nous raconte, qui nous fredonne l'éternelle énigme de cette silhouette qui revient par-delà les ravages du temps. Une histoire d'amour au souffle épique qui remonte le film de la mémoire jusqu'au premier regard. Productrice à France Culture pendant quinze ans, Catherine Soullard est critique de cinéma et auteur des romans Palmito d'Evian (Calmann-Lévy, 2001)) et Bouchère (Calmann-Lévy, 2006).