" Autour de nous, des routes innombrables se croisent, se recroisent, s'enjambent, se séparent. Nous en suivons chacun une. Certaines sont plus encombrées que d'autres. Je sais sur quelle route je suis. Je sais aussi, poursuivit Claire, que d'autres routes existent que j'ai empruntées, à un moment de ma vie, et que je reprendrai, un jour ou l'autre, des routes qui sont maintenant désertes peut-être mais où j'aimerais faire un bout de chemin avec un inconnu ".Elle me faisait face maintenant comme si elle avait voulu me barrer ce chemin, m'empêcher d'avancer sur l'une de ces routes. Je ne bougeais pas. J'étais figé, incapable de faire un pas. Elle attendait une réponse. J'étais trop égoïste, trop indifférent, trop orgueilleux pour la donner. Si, à cet instant, j'avais pris Claire dans mes bras, si je lui avais enfin parlé, si je l'avais embrassée, si je l'avais entraînée chez moi, si j'avais rabattu pour elle mon canapé convertible, bref, si j'avais fait ce qu'à cet instant elle attendait, peut-être aurait-elle su me convaincre de rester l'ami des gens de mon âge. "
