Je me suis gâché. J'ai fait de moi quelque chose que je ne peux pas contrôler. Je suis écrasé, minimisé par tout ce qui m'entoure. J'ai peur de ce qui va se produire ensuite. Chaque mouvement imprévu, chaque bruit que je n'ai pas anticipé me terrorise, m'amoindrit. Il y a une paire de ciseaux sur le bureau devant moi. Je m'en empare, les ouvre et les ferme, presse les cercles de métal contre mes os. Je glisse mes doigts entre les lames des ciseaux et j'appuie le plus fort possible. Elles sont émoussées. Elles ne m'entailleront pas. Ça ne fait pas mal, ça lance, et me rappelle l'existence de ma main, ce qui me dégoûte. Je déteste mon corps
encore plus que je déteste les objets et les événements qui se frottent contre lui. Je ne méprise pas mes conditions de vie autant que je méprise l'existence de ma chair.